samedi 10 février 2007

2/ Les organes électriques.

Les organes électriques sont formés de cellules aplaties en formes de disque appelées électroplaques. Ce sont des cellules musculaires modifiées, et elles reçoivent une de leur face ou plusieurs terminaisons nerveuses. Les électroplaques les plus simples sont celles de la torpille : contrairement aux cellules musculaires dont elles dérivent, elles ne sont pas électriquement excitables, et ne peuvent être activées que chimiquement, par la substance que libère les terminaisons nerveuses. Dans ces conditions, les modifications de la répartition des charges qui s’y manifestent lors d’une excitation restent limité aux régions innervées, c'est-à-dire sur une seule des faces ; au lieu de se répandre sur toute la cellule.
Chez d’autres poissons, le mécanisme est analogue, mais un peu plus compliqué : en plus de la face innervée chimique excitable la face opposée est électriquement excitable. Lorsque la phase innervée est dépolarisée, celle-ci se propage dans un deuxième temps sur la face opposée, tandis que la première phase activée retourne à l’état de repos.

3/ La mise en activité des électroplaques

La différence de potentiel qui existe de part et d’autre de l’électroplaque en activité est très faible : environ un centième de volt. Quels sont les mécanismes qui permettent à ces petites différences de potentiel de s’ajouter entres elles, jusqu’à ce que leur somme atteigne les quelques volts de la décharge des mormyres, ou les centaines de volts de celle du gymnote ? Les organes électriques sont formés de l’empilement de plusieurs centaines d’électroplaques, toutes innervés sur la même face. C’est donc toujours sur la même face que d’une électroplaque à l’autre, la différence de potentiel transmembranaire s’inverse lors de la mise en activité. Les électroplaques sont donc arrangées « en série », comme une batterie de piles. Pour que les différences de potentiel des électroplaques s’ajoutent entre elles, il suffit qu’elles soient mises en activité de façon synchrone. C’est se qui se passe : elles reçoivent toutes exactement en même temps l’influe nerveux correspondant à la commande de la décharge électrique.

4/ Un support de communication

Les poissons à faible décharge communiquent par l’intermédiaire de leur émission électrique. Ils peuvent aussi bien transmettre des informations espace, sur eux-mêmes ou sur leur comportement.
Il existe chez les Mormyridés une catégorie d’électrorécepteurs phasiques qui ne peut pas servir à l’électrolocalisation : à chaque fois que l’animal émet une impulsion électrique, le système se ferme aucun message n’arrive au cervelet. En conséquence, l’animal est « sourd » à sa propre décharge sur cette voie, qui ne peut signaler que les décharges émises par d’autres oissons.
Cette découverte, faite en 1971, impliquait que les Mormyridés possèdent un système spécialisé dans la détection des décharges des autres poissons électriques. De là à émettre l’hypothèse que les poissons électriques communiquent par décharges interposées, il n’y avait qu’un pas.
Et aujourd’hui nous savons que les Mormyridés et les Gymnotidés sont non seulement capables de repérer leurs congénères, mais qu’ils peuvent aussi échanger électriquement des messages très divers, touchant à l’espèce, à l’âge, à la taille ou au sexe, ainsi que des signaux de menace, de soumission, ou de consentement à l’accouplement.

D’un point de vue théorique, on admettra que la décharge des poissons électriques intervient dans la communication si elle répond à 3 conditions :
- si elle renferme des informations concernant l’individu émetteur ;
- si ces informations sont destinés à un individu receveur ;
- si le receveur les utilise.
Trois composantes de la décharge renferment des informations sur l’individu émetteur. Ce sont l’amplitude et la forme des impulsions, ainsi que le rythme de décharge. L’amplitude est, à l’intérieur d’une espèce donnée, en rapport avec la taille de l’animal. Elle pourrait donc indiquer son âge ou sa force.
La forme des impulsions est caractéristique de l’espèce. Elle peut présenter un dimorphisme sexuel. De plus, les alevins émettent des impulsions électriques différentes de celles des adultes : elles sont environ vingt fois plus longuyes.
En ce qui concerne le rythme de décharge, il faut considérer deux groupes de poissons. Le premier groupe comprend le gymnarque et les espèces de Gymnotidés qui émettent avec une rapidité telle que les intervalles qui séparent les impulsions sont très brefs. Le deuxième groupe est constitué par les espèces qui déchargent avec un rythme plus lent.

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